21.3.05

Pas facile d'être parent


J’ai repensé à la paralysie faciale que j’ai eu à 13 ans. Due à un zona dans l’oreille droite.
Comme d’habitude, quand j’en parle, on me dit que ça a du être dur, à 13 ans, supporter les moqueries des autres gamins, gérer l’angoisse de ne jamais récupérer…

Ben non, en fait. J’ai plutôt aimé cet épisode. Parce qu’on s’intéressait à moi. On me posait des tas de questions, on me plaignait, m’encourageait, mes parents s’inquiétaient.
Je me souviens que quand j’étais petite, je rêvais secrètement d’avoir une maladie incurable, pour qu’on s’occupe de moi. Etre une héroïne tragique, tirer des larmes à tout le monde, mobiliser tout le monde à mon chevet et rester à jamais dans les pensées. Comme une des 4 filles du Dr March. Pas de bol, je pétais la forme !
Totalement débile comme raisonnement, je sais bien.

Je crois savoir d’où ça me vient.
Ma mère était instit, et a décidé de devenir psychologue scolaire. L’age limite était 40 ans. A 39 ans, elle a donc repris la fac un an, pour obtenir la licence, qui associée à son expérience d’instit, lui permettrait de devenir psy.
Le problème, c’est que cette année là coïncidait avec mon entrée au CP. Je me faisais une joie d’être dans sa classe. Je pense que j’en ai déduit que ma mère me laissait pour s’occuper d’enfants qui avaient des problèmes, et donc, étaient bien plus intéressants que moi.
C’est à cet âge là que j’ai commencé à grossir. Pourtant, j’ai encore du mal à croire qu’un truc aussi insignifiant puisse avoir de tels effets. Quand les médecins me demandaient à quel âge j’avais grossi, et s’il c’était passé un truc dans ma vie à ce moment là, je répondais non. Je pensais qu’ils attendaient une révélation traumatisante, du style « mes parents ont divorcé », ou « j’ai été victime d’un pédophile ». Mais « ma mère ne m’a pas prise dans sa classe au CP », ça ne me paraît pas faire partie de la liste des violences familiales.

Aujourd’hui, je ne lui en veux absolument pas. Je crois même ne lui en avoir jamais voulu consciemment. Au contraire, elle a attendu l’âge limite pour rester disponible pour moi tant que j’étais en maternelle. Et puis, je ne vois pas comment elle aurait pu deviner que je l’interpréterais comme ça. Si elle ne l’avait pas fait, aujourd’hui, je lui en voudrais de ne pas être aller au bout de ses envies et d’avoir été une femme frustrée.

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