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27.10.07

On reprend depuis le début.

Mode perturbation toujours sur on.
Je continue à maitriser les compulsions, même si je suis passée tout près du crash cet aprem.
En revanche, je ne tiens plus du tout compte de mes sensations de faim et de satiété.
Durant le mois de septembre, j'ai encore perdu 2 kg de plus, ce qui mène le bilan à -13kg. Mais c'était fastoche, entre trop de taf et trop de préoccupations, j'avais perdu le sommeil, et donc l'appétit.

Je n'ai plus perdu depuis début octobre. Je sais bien que les pertes de poids ne sont pas linéaires, mais je suis obligée de constater que je me mets à table de manière automatique parce que c'est l'heure, que je finis mes assiettes de la même manière, sans plus jamais savoir si j'ai faim ou pas.

Plan d'attaque mis en oeuvre depuis ce matin : on ne mange plus la moindre miette sans avoir interrogé toutes les sensations qui revèlent la faim. On n'avale plus la moindre bouchée supplémentaire sans être sure de n'être pas déja rassasiée.
Si besoin, dès lundi, on reprend son petit cahier pour noter tout ce qui a été mangé.
On se reprend, non mais !

30.5.07

Nouvelle ère.

Maintenant que ma thérapie est terminée, je n'ai plus d'objectif précis à atteindre du côté de ma relation avec la nourriture, de mon poids,... Je n'ai plus d'axe de recherche, de réflexion. J'ai seulement à penser à autre chose, en surveillant du coin de l'oeil que les compulsions ne reviennent pas sournoisement et à appliquer les techniques de killer de démon du frigo en cas de besoin.
Je me trouve fort démunie, du coup. Avant la thérapie, je m'occupais à vouloir atteindre un poids idéal, à saboter mes régimes un par un et à chouiner que j'étais une incapable.
Avec la thérapie, je me suis occupée la tête à chercher la raison de chaque bouchée.
Je suis forcée de constater qu'à ce jour, aucune obsession ni doute existentiel ne sont venus prendre la place vide. Il ne me reste plus qu'à vivre, en somme. Hum. Vaste programme.

Accueillir les évènements, les rencontres comme ils viennent ? Faire des projets, en changer ? Sans rien remettre à plus tard sous prétexte que je serai plus belle, plus compétente, plus avenante avec des kilos en moins ? Vivre sans me chercher d'excuse pour ne pas faire ?
Je ne vois pas d'autre solution. Aussi, je déclare ouverte l'ère de ma vie telle quelle, en XXL.

22.5.07

Guérie !

Je suis guérie, les enfants, c'est officiel et sous contrôle médical.
Le Dr G a noté sur ma fiche "22/05/2007 : Va bien. Arrêt thérapie en plein accord".

C'est étrange, finalement. C'est elle qui m'a remercié, alors que j'aurais voulu lui dire à quel point je m'étais sentie le droit d'être moi sous son regard, à quel point j'avais commencé et comptais bien continuer à transformer l'essai à l'extérieur de son cabinet.
C'est pas si grave. Si elle me manque trop, je me remettrai à l'aquagym.

19.5.07

J'ai une âme frère

Elle apparaît quand j'ai bu juste le verre qui fait que les mots se forment sans demander la permission au cerveau. Qu'il a bu juste le verre qui ouvre les portes de la perception. Juste là.
Oui, bon, je voulais faire une intro inspirée, mais je me sens toujours obligée de recadrer. L'âme frère se matérialise aussi quand on n'a bu que du coca.

Parce que l'âme frère n'est pas devin, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire. Balivernes que ces âmes soeurs ou frères pour qui les mots sont inutiles, qui vous comprennent même sans les mains. Personne n'est capable de savoir ce qu'on cache. Ce serait quand même un comble de s'emmerder avec tous les TOC, TCA et addictions du monde sans parvenir à enfouir ce qu'on veut taire !

L'âme frère ne sait pas plus que les autres ce qui se cache au fond du frigo. Mais, contrairement aux autres, quand on lui montre, il dit "Je vois". Pas "mais enfin, tu délires". Quand on annonce les chiffres sur la balance, la taille du pantalon, il dit "Whaou. C'est hallucinant." Il a l'intelligence de ne pas parler de beauté intérieure. Il comprend que c'est le poids de l'angoisse, la taille de la frustration. Pas "mais reprends toi bordel, comment as-tu pu te laisser aller comme ça ?" comme les gens qui ne veulent que mon bien.

Je n'ai jamais raconté clairement à mes proches les épisodes de mon hyperphagie, puisqu'elle me servait justement à me cacher. Ici, j'ai abordé un peu le sujet parce que j'ai voulu en faire le lieu du côté obscur. Et encore, j'ai préféré parler des réussites et des avancées que des pâtes mangées avec les mains. Samedi dernier, j'ai tout raconté à un vrai gen de ma vraie vie qui comprenait tout, sans juger, sans même conseiller.
Ce n'est pas cet absence de jugement qui est étonnante, puisque c'est le propre de l'âme frère. Non, ce qui est étonnant, c'est que j'ai du faire un effort de mémoire pour raconter. J'ai parlé, mais j'avais concience que je n'étais plus tout à fait celle dont je racontais l'histoire. Que ces réflexes, ces pensées n'étaient plus les miens.

Faudra que je demande au Dr G si ça signifie que ma thérapie est finie.

23.3.07

Classe 2

Les enfants, j'avais préparé des tas d'articles passionnants (bon, un seul, le classique bonnes résolutions de janvier), que je n'ai pas mis en ligne. Entre pas le temps et pas le goût...

MAIS une nouvelle d'une importance capitale, du moins symbolique, m'oblige à reprendre le clavier.
J'ai rdv avec ma diét adorée cet après-midi. Je me suis donc livrée à la pesée mensuelle ce matin, et j'ai vu mon neuvième kilo s'envoler. Bon, je sens déja la déception sur votre visage : quoi, 9 kilos en un an, elle va quand même pas nous en faire une pendule.
Ben si, parce que c'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Déja, je précise pour ceux qui ne suivent pas que c'est -9 kg SANS régime. Mais surtout, ça veut dire que j'ai quitté la classe des obèses morbides, et que je rejoins désormais les obèses sévères, de classe 2.

J'aimais bien la classe 3, des morbides, ça donnait un petit coté gothique très tendance à mon obésité. En même temps, on me promettait un risque de maladies"extrêmement élevé", et une mort rapide dans d'atroces souffrances nauséabondes, les membres gangrénés par le diabète, les artères bouchées au LDL, les articulations perclues de rhumatismes arthritiques. Sinon, j'avais le choix entre un cancer de l'oesophage, du colon, du rectum, du pancréas ou des reins.
Et moi qui craignait un cancer du sein comme maman !
Avec un peu de bol, je pouvais quand même espérer mourir tranquillement d'une apnée du sommeil.
Sauf que je n'ai ni diabète, ni cholestérol, un brin de problème de dos comme tout un chacun, et un sommeil de bébé (quand je ne suis pas contrariée).

Voila que je développe désormais les mêmes risques, mais seulement "très élevés". J'ai du gagner au moins un an de vie dans les souffrances sus-évoquées.
Allez, encore 13 kg et je passe en classe 1 !

30.12.06

J'aime ma diététicienne

Le Dr G m'a convaincu de consulter à nouveau une diététicienne, puisque mes compulsions ont cessées depuis plusieurs mois. J'étais extrêmement réticente à cette idée, compte tenu de mes expériences passées avec les professionnels de l'amaigrissement : au mieux, totalement inefficaces, au pire dangereuses (si vous voulez des amphét sur ordonnance, consultez un amaigrisseur), humiliantes et culpabilisantes.

Je suis allée voir la diét conseillée par le Dr G (devrais-je dire Sainte Dr G ?) bien décidée à expliquer à la dame que je ne voulais pas de son régime, ce qui promettait une bonne partie de rigolade. Et bien, figurez-vous que je me suis trouvée face à une toute frêle nana de mon âge, qui n'a pas de balance dans son cabinet. J'en ai oublié mon discours militant, et j'ai discuté. Expliqué mes 24 ans de régimes, mes refus et mes attentes, y compris celle de moins manger de viande, pourvoyeuse des sacro-saintes protéines des diététiciens.
Incroyable mais vrai, on était d'accord !

Je me suis fixée l'objectif pour le mois à venir de respecter au mieux les besoins énergétiques de base, tout en respectant ma faim et mes envies. Ce qui donne un menu "idéal" permettant de couvrir tous les besoins aussi bien en qualité nutritionnelle qu'en apport énergétique, vers lequel tendre, mais tout en souplesse. Le tout assaisonné de conseils pratiques basés sur la dégustation, et le plaisir pris à manger, ce qui implique de manger plus lentement et de se rassasier à la fois sur le plan nutritionnel et psychologique. Car la dame a bien compris que mes besoins étaient essentiellement de cet ordre.
J'ai perdu 1,5 kg sans refuser aucune invitation, en prenant deux repas par semaine à la cantine, et avec un week-end gastro savoyard.
Au deuxième rdv, ma diét m'a demandé de régulariser ma prise de féculent, qui est très faible certains jours et plus importantes d'autres fois. Je dois donc peser le plus souvent ma portion de féculent, pour vérifier la régularité et trouver moi-même la portion qui me rassasie véritablement. Face à tant de liberté, j'ai demandé à la dame si par hasard elle ne serait pas une adepte de la secte du G.R.O.S (voir mes liens) ! Et oui ! Bingo ! Je suis tombée sur une diét du G.R.O.S sans le savoir. Et c'est là que je suis prête à dresser des statues à ma psy, qui ne m'a pas orientée vers elle par hasard.
Je suis repartie de ce deuxième rdv avec une liste de conseils pour traverser la période minée des fêtes de fin d'année sans culpabilité et en respectant sa faim. Avec interdiction de me peser avant le prochain rdv.

Le site du GROS est un des rares espaces où les régimes sont bannis et les gros pas montrés du doigt. Rien que pour ça, il mérite les félicitations. Encore plus pour avoir écrit un article synthétique et pratique, que voici : http://gros.org/pagesgros/gout1.html.

J'ai toutefois un bémol personnel à apporter aux théories zermatiennes, membre fondateur du GROS. Il soutient qu'on peut manger n'importe quel aliment, pourvu qu'on ne le mange qu'en ayant faim. Par exemple, se nourrir uniquement de foie-gras est envisageable, car cet aliment étant extrêmement calorique, on n'en mange pas plus que nécessaire pour satisfaire ses besoins énergétiques si on est décidé à s'arrêter aussitôt qu'on perçoit le signal de satiété.
J'ai vérifié cette théorie en pratiquant les exercices sur les éléments tabous qu'il préconise. Effectivement, j'ai pu manger plusieurs jours d'affilé des chips sans grossir puisque je m'arrêtais dès que ma faim avait disparu. C'est un exercice très efficace pour oter le pouvoir culpabilisant des aliments, et retrouver une relation apaisée à la nourriture.

Pour autant, je ne pense pas que ça puisse devenir une habitude alimentaire sur le long terme. D'abord parce qu'il est beaucoup plus difficile de percevoir la satiété avec des aliments peu rassasiants en volume mais très caloriques. Et surtout parce que l'organisme a des besoins de base qui ne peuvent absolument pas être couverts par une seule catégorie d'aliment. Certes, Zermati soutient que le corps nous signalera qu'il a besoin d'autres choses en nous soufflant une envie d'autres aliments. Mais il n'insiste pas assez à mon goût sur la nécessité de varier son alimentation, et donne trop l'impression qu'on peut vivre heureux au pays des chamallows.
Ma diet est d'accord avec moi là-dessus, ce qui prouve qu'elle a raison.

8.11.06

Bourriquet's attitude


Vous vous souvenez de Bourriquet, le pote ronchon de Winnie l'ourson ? Si, si, si, cessez votre frime : pas la peine de vous la jouer "les seuls animations sur lesquelles je consens à poser les yeux sont des mangas porno". Comme moi, vous avez passé vos mercredis à regarder Candy et Goldorak, et donc aperçu Winnie et Bourriquet.

N'ayez crainte non plus, j'évoquais la reparentalisation dans le post précédent, mais je n'ai pas l'intention de dormir avec un Bourriquet en peluche. Non, juste qu'il y a une chanson d'un épisode de Winnie que j'ai toujours dans la tête depuis mon enfance. Vous avez le droit de me plaindre.
Allez, je vous la chante. C'est la chanson de Bourriquet :
"Je ne dis pas
Je ne peux pas
Je n'y arriv'rai paaaaaaas
Je me dit on verra
Et j'avance à petits pas"
Grand moment de poésie. Sur ce, Bourriquet arrivait à se désengluer d'un bourbier et remontait la colline pour rejoindre ses amis et manger des chardons.

Comme le soulignait ma camarade, il ne suffit pas de savoir ni de comprendre pour faire. Il FAUT faire. Même ça, j'ai mis longtemps à le comprendre. Auto-conviction peut-être, toujours est-il que jusqu'ici j'ai testé des tas de solutions qui n'ont pas marché. Je ne perds donc pas grand chose à en essayer une de plus. Et force est de constater que ça donne des petits résultats.

Exemple d'exercice pratique : désormais, quand j'entre dans une boutique, je n'en ressors qu'avec le produit que j'étais venu y chercher, ou rien. Je n'achète pas autre chose pour faire plaisir à la vendeuse. D'ailleurs, quand je ne trouve pas ou que je ne veux qu'un renseignement, je la dérange, la vendeuse, parce qu'elle est là pour ça. Je ne me fais pas toute petite entre les rayons pour passer inaperçu, je ne m'excuse pas de déranger.
Quand on me demande mon avis, aussi, je le donne. Même pour des choses pas importantes. Habituellement quand on me demande quel resto je préfère, quel film, quelle heure, quel jour, je réponds comme tu veux. Histoire de ne pas être en confrontation et surtout parce que vraiment, je n'ai jamais de préférence. Je me force à en avoir. Parce que j'en ai forcément une, même si elle n'est pas capitale. Si j'étais toute seule, je choisirai bien un film plutot qu'un autre. Petit à petit, j'ai des désirs et des avis qui émergent sur des sujets plus importants. Je les avais si bien enfouis pour adopter d'avance ceux des autres que je pensais tout simplement ne pas en avoir. Dans ces conditions, m'approprier ceux des autres me paraissait logique. Ca ne va pourtant pas sans l'impression d'être vide, creuse, et sans intérêt.

C'est tout ? Ben oui. Je ne vous parle pas de grande décision, de grande action qui change la vie de fond en comble. Non, je parle juste de chaque jour se respecter un peu plus, refuser les petites humiliations qui distillent le fiel au compte-goutte. J'inverse juste la vapeur, je distille des micro-victoires, des micro-satisfactions. Au bout du compte, je crée un climat un peu plus serein autour de ma personne et je me regarde avec plus d'indulgence. Plus besoin de noyer l'humiliation de s'être fait avoir par la vendeuse sous un pain au chocolat, la rage de bouffer italien alors que je voulais un tandoori en engloutissant trois pizzas.

Si je renonce à me balancer d'un pied sur l'autre pour me réconforter, j'arrête aussi de me bercer trop près du mur. D'ailleurs, reparentaliser, comme concept, ça ne me va, finalement. Je préfère "amicaliser". Quand un ami vient s'épancher, je ne le reçois pas en lui disant "bien fait pour ta gueule, pov merde". Non, non. Je dédramatise, j'analyse la situation, je cherche des solutions. Quand il n'y a rien à dire, je tiens la main. Des fois, j'offre des gateaux ou de la vodka, on ne se refait pas complètement.
Je crois que je pourrais tenter la même chose en ce qui me concerne, les gateaux en moins.

1.11.06

Passe le message à ton voisin

... ou des nouvelles fraiches de mes aventures au cabinet du Dr G.

Je disais quelques posts plus bas que je commençais à gérer à peu près normalement mes angoisses, surtout grace à la technique d'exposition.
Quand un doute m'assaille, je commence par le regarder au microscope ultra-lucide, puis je réponds à mon questionnaire mental : à quel point est-ce probable, est-ce grave, et si oui que puis-je faire pour y remédier. Généralement, on désamorce pas mal de bombes.
Pour celles qui résistent, on passe à l'exposition. C'est quelque chose, l'exposition. A mi-chemin entre les montagnes russes et Orange mécanique. Il faut s'enchainer à un fauteuil et se mettre des écarteurs sur les yeux. Ensuite, se projeter le scenario de son angoisse, jusqu'au bout, jusqu'au pire moment, et ne pas fermer les yeux. Ca secoue. Il faut recommencer jusqu'à ce que ça ne secoue plus, ou presque. On se vaccine doucement contre cette angoisse là, et petit à petit, on commence à croire sincèrement qu'on pourra y survivre. Ne pas hésiter à faire des doses de rappel quand le besoin se fait sentir.

Bien, la gestion des angoisses, ça, c'est fait. Je m'attendais à être félicitée et poussée gentiment vers la sortie quand j'ai revu le Dr G après les vacances d'été. Effectivement, elle m'a félicité. C'est une grande victoire qu'il faut vous attribuer, elle a dit. Et une autre grande victoire que de ne plus compulser, elle a ajouté.
Ensuite, elle a repris sa fiche et a dit : maintenant, il serait souhaitable d'analyser votre alimentation pour vous mettre sur les rails d'un véritable amaigrissement.
Ah. Des résultats. Elle veut des résultats. Bon.

Elle m'a donné quelques conseils alimentaires à suivre sur 15 jours. A la scéance suivante, j'avais pris 1 kg.
Elle a conclu qu'il restait un blocage qui permettait à mon cerveau de ralentir mon mécanisme endocrinien. La classe, mon cerveau est vraiment trop puissant. Si j'apprenais quelques techniques de manipulation, je pourrais devenir maître du monde.
Elle m'a donné comme sujet de méditation pour la semaine "pourquoi je ne veux pas maigrir".

La réponse a été immédiate et lapidaire : pour dire merde.
J'ai quand même du expliciter un peu et lui raconter que par peur de déplaire, je me conformais systématiquement à ce qu'on attendait de moi, en toute circonstance et toute occasion. Que mon poids était mon domaine de liberté et de rebellion, où je faisais bien ce que je voulais et uniquement ça : manger n'importe quoi à n'importe quelle heure, un sandwich 1h avant le repas si je veux, et je t'emmerde. Je suis grosse et moche, mais je suis une poupée qui dit non pour une fois. Tu es mon papa, ma maman, mon mari, mon ami, et tu m'aimes pour des tas d'autres raisons, alors tu vas continuer de m'aimer comme je suis et pas comme tu veux que je sois.
Ses commentaires ont été immédiats et lapidaires, également. A votre âge, à qui croyez-vous encore devoir obéir ou désobéir, sinon à vous ? Ahem.

Elle a explicité aussi le concept de résilience. Elle dit que les soufrances que j'ai pu ressentir enfant quand mon comportement n'était pas conforme ne sont pas calmées. Mais que comme je suis maintenant une grande fille, je ne peux pas aller voir ma maman pour me faire bercer, et que donc, je dois le faire moi même.
En voilà une bonne idée : je n'ai plus qu'à tanguer comme les enfants des orphelinats de Ceausescu qui se berçaient tous seuls, et je vais maigrir !

Une fois la surprise passée, ça ne me parait pas complètement idiot, comme idée. J'ai justement eu une discussion tout récemment avec une mienne amie qui se se désespère de trouver la personne qui comblera la béééééééance en elle. Je lui expliquais que je trouvais injuste de faire porter la responsabilité de réparer le passé à quelqu'un qui débarque tout juste dans votre vie et qui a comme tout le monde ses propres valises. Il me semble que si on veut être aimé, il faut donner un peu l'exemple, sous peine de se retrouver à reprocher à l'autre ce qu'on ne parvient pas à faire soi-même . Je suis une merde, mais tu dois m'aimer et me réparer. Reconnaissez que c'est moyennement vendeur comme accroche.

Le Dr G m'éclaire un peu sur coup là. Il n'y a pas que les fous qui se parlent à eux mêmes. On a tous un dialogue intérieur, et généralement, on ne se dit pas des choses agréables. Pourquoi ne pas se parler pour se rassurer ou se consoler ?
Tout ça est un peu décousu, mais je fais aussi le lien avec les parents qui claquent leur gosse qui chouine parce qu'il est fatigué et énervé, sans raison précise. Il a probablement juste besoin d'un calin et d'être mis au lit. Souvent, il récolte une grande baffe et un "comme ça, tu sais pourquoi tu pleures". En réalité, c'est surtout le parent qui sait pourquoi son gosse pleure.
Je crois qu'on se fait souvent la même chose. On est blessé, fatigué, enervé, sans trop savoir pourquoi, on attend quelque chose de l'autre mais on ne sait pas bien quoi, on est frustré de ne pas l'obtenir parce qu'on n'arrive pas à le demander, alors on adopte un comportement totalement inadapté au problème : on se fait mal en se faisant éclater l'estomac, ou en faisant délibérement capoter les choses. Comme ça, on sait pourquoi on pleure.

18.8.06

Youhou me revoilou...

S'il me reste un cyber-lecteur, il n'a pas manqué de remarquer que mon blog était baillonné depuis de longs mois.

Ben oui... Depuis que je blogue sur un petit carnet bleu pour le Dr G, j'ai carrément moins envie de vous raconter mes petits malheurs.
La raison de ma réapparition ? Les vacances du Dr G, pardi ! On s'est quitté le 30 juin sur un "à la s'maine prochaine" souriant. J'ai constaté en ouvrant mon agenda que je n'avais plus de rdv prévu. Son secrétariat m'a confirmé qu'entre ses dates de congés et les miennes, on ne se reverrait pas avant septembre. Horreur, enfer! Comment une taguée (atteinte de tag, trouble anxieux généralisé, ndlr) comme moi va-t-elle gérer ses angoisses en plein été, quand la bonne humeur, la pêche, la banane (bip bip) sont de rigueur ? Ne lis-je pas dans les canards féminins que le retour de la libido, de la détente et de la joie de vivre est prévu pour le premier week-end de juillet ? Qui va prêter une oreille bienveillante à mes tragédies grèques, en paréo et une pina colada à la main ? Personne, évidemment. Cette fois, je suis bien toute seule avec mon carnet bleu.

Et bien disons qu'au bout d'un mois et demi de sevrage, si ça va pas forcément mieux, ça va pas plus mal !
Evidemment, j'ai eu un petit passage tragique (j'avais perdu mon carnet bleu, aussi je n'ai pas eu d'autre choix que d'inonder mes correspondantes msn de mes scénari catastrophes). MAIS il n'a duré que peu de temps ET j'ai réussi à mettre en place les techniques d'exposition, avec succès.
Je ne nie pas qu'il reste un gros fond d'anxiété permanent (la maison va-t-elle être inondée à la première goutte de pluie ? la chatte est-elle infestée de puces au moindre grattage d'oreille? mon nouveau chef me jugera-t-il tire au flan parce que je ne peux rester tard au bureau le jour de son arrivée ?), mais il est très gérable. Pour preuve, j'ai quand même passé une nuit sous la tente sans vêtement chaud, sous une pluie diluvienne et par 5° en Ardèche, sans la moindre angoisse quant à l'étanchéité de la dite tente (pourquoi ai-je des doutes sur celle de la maison en pierre, mystère) et à la possibilité d'attraper une pneumonie. J'ai même fait pipi dans la nature, Loulou pourra certifier à quel point c'est un progrès dans la relax-attitude en ce qui me concerne.

Je crois que je ne suis pas loin de toucher au but. Le principe de la thérapie comportementale n'est pas de faire cesser les angoisses, mais de les ramener à un niveau supportable et de faire en sorte que le comportement problème cesse.
Or, je ne compulse plus, et je commence à savoir vivre avec mes angoisses. Il se pourrait que la prochaine scéance avec le Dr G se déroule sur l'air de "je suis venue te dire que je m'en vais". Yeah !


(ce post n'est pas rédigé sous contrôle médical)

14.5.06

Putain de bordel de merde...

... La prédiction se réalise ! Enfin, elle commence.

Je n'ai plus du tout envie de manger sans faim, ces derniers temps. Je me sens même un peu écoeurée, comme trop chargée, un peu intoxiquée. Je ressens comme l'envie de me laver de l'intérieur. Ce qui m'a conduit à l'extrémité suivante: non pas avaler de l'eau de javel, mais surfer sur des sites de cuisine végétarienne et regarder les steacks de tofu comme une possibilité.
Cette new agisation m'inquiète. Je tiens à garder comme principes de vie le fait d'écouter la musique trop fort, de boire trop, de manger trop et de me coucher trop tard (le week-end seulement, faut pas déconner quand même). Je ne tiens pas à finir en adventiste du 7ème jour, mangeant bio après une bonne scéance de yoga.

Mais revenons à ce qui motive le titre de ce post. Je ne mange plus, donc je suis...
... assaillie par des angoisses inexpliquées et inexpliquables, à des moments totalement improbables. Là, par exemple. J' ai passé une bonne journée, la semaine à venir ne s'annonce pas stressante, tout va pour le mieux, Loulou est à proximité et pourtant, j'ai une boule qui fait le yo-yo entre mon ventre et ma gorge, les membres en coton et les oreilles qui bourdonnent. Je suis proprement terrifiée. Par quoi, mystère. Que le ciel me tombe sur la tête, certainement. J'en pleurerais presque, mais je ne sais pas faire.
Je crois qu'il faut que j'arrête les films de catastrophe et autres serial tueries. Dimanche dernier, je n'ai pas supporté le visionnage de Signes, que j'avais pourtant déja vu et qui n'est pas particulièrement terrifiant. Le simple fait de voir la vie paisible de cette famille qui n'avait rien demandé à personne être bouleversée par une invasion d'extra-terrestres m'a terrifié.
Chez moi aussi ça va bien, et alors ? Tout pourrait s'arrêter d'un coup, sans que je n'y puisse rien ?
Si je commence à avoir peur des extra-terrestres, la dépression me guette, les enfants. Ce n'est pas en adventiste que je finirais, mais plus probablement en raëlienne. Et j'ai peur que leur tenue blanche me grossisse un peu.

6.4.06

Syllogisme

L'aquagym est un sport pour vieilles et/ou grosses moches
Le DR G. est dans mon nouveau cours d'aquagym
Le Dr G est une vieille et/ou grosse moche.

Lui conserverais-je assez d'estime pour poursuivre ma thérapie après l'avoir vu barboter avec deux frites roses sous les bras ? (Le supplice du vestiaire m'a été épargné hier grace au bavardage de mon amie Ada qui m'a mise en retard. Qu'elle en soit remerciée.)

Le moniteur me facturera-t-il les cours d'aquagym au prix des scéances de psy ?
C'est ce que nous saurons au prochain épisode.

2.4.06

Mon psy et moi. VI. Diagnostic.

Le Dr G. : Je pense que vous faites des crises d'angoisses. Chaque fois que vous mangez, c'est pour apaiser ces angoisses.
Vous présentez des troubles anxieux avec des tendances obsessionnelless. Pas encore compulsives, mais obsessionnelles.

Voix off : Ouais. Je m'en doutais. Entre deux gavages, je passe mon temps à faire des calculs abracadabrantesques pour vérifier que tout va bien. Dans les bouquins psy, ils appellent ça un profil "vérificateur". Je vais d'ailleurs demander à ce que tout ça soit requalifié en maladie professionnelle.

Moi : ...

Le Dr G : Quand nous aurons maitrisé vos troubles du comportement alimentaire, vous n'aurez plus de moyen d'apaisement. Nous entrerons probablement dans une phase de dépression. Peut-être à tendance maniaque.

Voix off : Ah non ! Je viens pas vous voir pour devenir dépressive ! Donnez moi la formule offensive, sans depression. Je veux bien payer plus cher.

Moi : Ah. Argh.
...

A la fin de la scéance :

Le Dr G : Bien. Vous sentez que vous avancez, là ?

Moi : Oui. Que je m'enfonce, aussi, un peu.

Voix off : Hé ho, c'est ma réplique, ça.

Mon psy et moi. V. ...

Le Dr G : Vous prenez plaisir à manger dans ce genre de circonstances ?

Voix off : Quand je suis au beau milieu d'une fête et que je me sens de trop ? Quand je me replie sur le buffet parce que j'ai l'impression que seuls les roulés aux saucisses s'intéressent à moi ?
Non, je ne prends pas de plaisir, non.
Je me regarde d'en haut, et je vois une nana seule au comptoir, le nez dans son verre. Qui regarde en coin la bande de jeunes exubérants venu fêter un anniversaire. Et qui recommande un whisky.
Pour l'instant, j'ai une allure plutôt banale, j'ai juste l'air un peu triste. Mais dans quelques années, les jeunes auront été remplacés par d'autres clones du même âge, et moi j'aurais pris des rides. Je ne ferai plus très attention à ma mise, j'aurais des racines de deux cm, le mascara filant, et j'aurais boutonné ma veste lundi avec dimanche. Le barman ne me demandera plus ce que je prends, il me servira d'office. Plus tard encore, je viendrai en pantoufles.

Moi : Non, je ne prends pas de plaisir. Sourire triste. D'habitude, oui j'aime bien manger, mais là non.

7.3.06

Moi et moi. Bang bang.

Il paraît que c'est la phase 1.
Je fous tout par terre. Le Docteur G m'a aidé à déboulonner mes parents.
Elle m'a aussi aidé à admettre que quelles que soient mes blessures, elles devaient être reconnues comme telles puisqu'elles me font mal. Pas besoin d'attendre le label " souffrance reconnue socialement". Il faut ça pour s'autoriser à les soigner.
Du coup, je me déboulonne toute seule. Certes, je suis une fille rationnelle, efficace, facile à vivre, serviable et généralement de bonne humeur. La partie émergée de l'iceberg.
Pour ne pas décevoir mon entourage, je contrôle tout et parvient à être cette bonne copine dont tout le monde se félicite.

Du côté obscur, il y a l'obsession, qui me permet d'exercer ce contrôle. J'ai été obsédée par mon poids, par le choix de la bonne nourriture pendant 20 ans. Je m'en suis libérée quand j'ai compris que ce n'était pas une attitude saine, contrairement à ce qu'on nous serine à longueur de magazine, mais un processus mental.
Je suis réellement soulagée de ne plus être enfermée dans ce carcan de prescriptions diététiques.

Mais l'évidence est là. Je fonctionne encore sur le mode obsessionnel. Ce n'est plus la bouffe, ma nouvelle marotte, ce sont mes comptes bancaires.
Evidemment, avec l'achat de la maison, il a fallu que je m'en occupe très sérieusement. Mais je me rends compte que j'ai dépassé le stade du raisonnable depuis longtemps. Je consulte mes comptes sur internet plusieurs fois par jour, je passe mon temps à faire des statistiques budgétaires sur Money pour traquer la moindre catégorie de dépense superflue, je fais des prévisionnels sur un an... Tout ça avec sur le même fond de desespoir que dans la course aux kilos : je ne ferai pas pousser l'argent, comme je ne pouvais pas faire fondre mes cuisses.

Toute cette énergie dépensée à tout contrôler et pas de résultat à la hauteur... Je frôle les passages compulsifs, où j'achète une saleté qui ne sert à rien et qui vient foutre tous mes beaux graphiques en l'air. Je me félicite de m'en rendre compte avant l'arrivée des huissiers.

5.3.06

Mon psy et moi. IV :Bang bang

Bang bang. C'est fait. Le mythique couple parental est à terre. On peut avancer, a dit le Docteur G.


Petit best-of des citations du Docteur G :
- " Vous avez un profil de surdoué précoce. (yes ! quelle clairvoyance !) Vous avez commencé à manger pour combler l'écart entre votre maturité intellectuelle et votre immaturité affective (groumpf)."
- " Si vous vous débarrassez de votre culpabilité, vous aurez besoin de moins de force et d'énergie pour la porter."
- " Je ne vous plains pas. Je ne fais que vous comprendre."

15.2.06

Mon psy et moi. III : le sympathique docteur G.


Enfin, c’est mon tour.
Elle a l’air super speed, et crevée.
Elle s’assoie en face de moi, et me soupire : " Je vous écoute… "
" -Hum. Oui. Je viens pour une thérapie comportementale, je suis envoyée par le Dr S.…
Houla, mais moi non plus, je n’ai plus de place pour les thérapies.
Ha ? Je vous ai téléphoné la semaine dernière, vous ne m’en avez rien dit.
Oui, bon, je vais vous trouver une place. "
Elle tourne les pages de son agenda à une vitesse incroyable. On doit être arrivé à mi-juillet sans qu’elle ait débusqué le moindre trou dans son emploi du temps.

" Bon, la secrétaire vous rappellera. Mais d’abord, laissez moi vous expliquer ma façon de travailler.
Nous allons fixer 3 rdv par mois, par série de 10. Si vous avez un empêchement, vous devez me prévenir au minimum 48h à l’avance. Si vous annulez à moi de 48h, vous devrez payer la séance quand même.
Si vous avez un motif sérieux, une force majeure, un accident, j’envisagerai la possibilité de m’autoriser à vous offrir la séance manquée (Merci, docteur, vraiment.)
Ca vous convient ? "

Je dirai que c’est la curiosité qui m’a poussé à répondre oui. Je n’aime pas qu’on me parle sur ce ton, mais je n’ai pas envie que cette aventure tourne court après y avoir réfléchi autant.

" 20 euros, je vous prie ."
Je suis extrêmement déçue. Le rdv est terminé, je n’ai evidemment pas pu faire étalage de mon brillant discours, mais le fait est qu’elle ne m’a même pas demandé pourquoi je venais la voir. Je me doute que c’est visible à l’œil nu et qu’elle a deviné que je ne faisais pas d’anorexie. Mais quand même, on aurait pu en parler un peu.

"Pour la prochaine fois, notez sur un carnet toutes les fois où vous estimez que vous manifestez un trouble du comportement. Vous me dites ce que vous faites, dans quelles circonstances, et comment vous appelez ce trouble. Je vous dirai si je considère, moi, que c’est un trouble, et comment je peux vous aider. "
Ah. C’est mieux.
Le carnet, evidemment.

11.2.06

Mon psy et moi. II : la salle d'attente.

J’ai réussi à trouver un thérapeute à moins de 60 km de chez moi.
En fait de psy, c’est une médecin généraliste, formée aux thérapies comportementales et cognitives. Du coup, je ne suis qu’à moitié dans la tendance. Bien.

Jeudi, 17h30, RDV. J’y pense tout l’après-midi. Je ne suis pas tendue pourtant, je ne ressens rien, comme chaque fois que quelque chose d’important se produit. J’ai froid et je suis comme en dehors de moi, je me regarde conduire, entrer dans la salle d’attente…

Elle est en retard d’une grosse demie-heure. Pas plus mal. Ca me laisse le temps de préparer une réponse à la question : " vous venez pour quoi ? ". 20 ans d’errances alimentaires, ce n’est pas évident à résumer.
Et puis surtout, je veux lui expliquer ce que je fais depuis un an. Il faut bien qu’elle se rende compte qu’elle n’a pas affaire à la première paumée venue. Je suis documentée, moi. Je sais tout sur la restriction cognitive, j’ai tout bien compris la théorie, il faut juste qu’elle me donne un peu de technique.

Elle est vraiment à la bourre. Une mamie très comme il faut entre. Je tourne la tête, les mamies très comme il faut se plaignent toujours du retard des docteurs, et j’ai un résumé à préparer. Pas le temps de l’écouter.
Elle me demande de combien est le retard.
" - 45 mn.
- Houla. Et en plus vous venez pour un thérapie, ça va être long. "
A quoi elle voit ça, cette morue ? C’est un généraliste, je pourrais très bien être là pour une gastro. C’est de saison.

Elle m’a gaché ma préparation de discours. Je prends un magazine pour qu’elle cesse de me parler.
Le Elle, tiens, très bien. Ca fait longtemps que je ne l’ai plus acheté.
Actualités culturelles. Tiens, une chronique sur des bouquins psy. Le livre noir de la psychanalyse. Ou le procès de la pratique freudienne, ses mensonges, ses échecs.
Et aussi l’Anti livre noir de la psychanalyse, ou le procès des thérapies comportementales et cognitives, associées aux pratiques de contrôle social et de dressage humain.
Ah. Chouette.

Mon psy et moi. I : Tergiversations.

Une thérapie pour moi … Le toubib a mis le doigt dessus. Je vois bien que depuis un an, j’ai progressé, je sais pourquoi je mange sans faim, je ne fais plus de compulsion, je n’ai plus d’aliment tabou, souvent je parviens à respecter ma faim. Tout ça est vrai tant que je vais bien.
Dès que je suis inquiète, en colère, stressée, ça ne fonctionne plus. On dirait un réflexe pavlovien, une clochette s’agite dans ma tête et je vais droit au frigo, et je perds le sommeil, accessoirement.
Je vois bien que je ne m’en sors pas toute seule, même avec mon stock de bouquins et de bonne volonté. Mais l’expérience a montré que ce n’est pas une question de volonté.
Je tourne autour du pot, il me faut un déconditionnement, mais je n’ose franchir la barrière du psy.


D’abord, je trouve ça un peu exagéré. Faut-il vraiment que je suive la tendance Woody Allen / Sex and the city? Parce que je frôle la trentaine, que j’ai un boulot et un mari, faut-il obligatoirement que j’ai aussi un psy , pour lui raconter combien c’est dur d’avoir une vie normale? Il y a tout de même plus grave dans la vie, je veux dire, si j’avais un traumatisme profond, je pourrais admettre qu’il me faille de l’aide. Mais quoi, je vais aller voir un toubib pour lui dire que ma maman n’a pas pu me prendre dans sa classe au CP ? Que j’étais quasi fille unique et que j’ai passé mes mercredis à me distraire en battant des records de hauteur de sandwichs ? Mouaich…


Trève de tergiversation, j’appelle la psy qu’on m’a conseillé.
" Vous êtes bien sur le répondeur du Dr S. Je ne prends plus de nouveaux patients jusqu’à nouvel ordre. Merci de ne pas me laisser un message après le bip sonore. "
Groumpf. Enthousiasme tué dans l’œuf.

10.2.06

Mon psy et moi. Préambule.

Les médecins du travail sont des sous-médecins, c'est connu. Ils voient un maximum de patients en un minimum de temps (ça c'est le cas de tous, sauf les légistes, et encore...). Mais surtout, ils prétendent faire le tour complet de ton passé, présent, futur médical en une seule visite.

Evidemment, dans ces conditions, ils ne voient que ce qui dépasse du dossier.
Dans mon cas, mon poids. Ils ne m'interrogent pas sur l'évolution de ma vieille paralysie faciale, sur des éventuelles rechutes de rhumatismes articulaires ou poussées de zona. Non. Ils disent, l'air pénétré de celui qui s'apprête à révéler au monde le secret de sa création : "Madame (mon petit, jeune fille, mademoiselle, en fonction de l'époque), vous avez un poids hors norme. Il faut maigrir."
Moi je dis 'oui docteur", et je sors. Me taper un pain au choco juste pour le faire chier, et aussi pour me réconforter, parce que j'ai super honte d'être rien qu'une sale obèse qui va crever d'infartus à 35 ans, laissant à la société la charge de payer mes errements nutritionnels.
Du coup, j'ai super honte d'être une pauvre débile qui bouffe un pain au chocolat en se lamentant d'être obèse.
Hum...

J'ai reçu avec un certain plaisir sadique la convocation à la visite médicale, cette fois.
Oui, depuis quelques mois, j'ai changé. Je ne suis plus la sale obèse ci-dessus décrite. Je suis une sale obèse hargneuse prête à aboyer que je bouffe un pain au chocolat si je veux, parce que si je ne mange pas celui là, j'entre dans un cercle d'hyper contrôle/frustration / perte de contrôle / hyperphagie, que du coup j'en mange 4, que donc je grossis encore plus, et qu'accessoirement, je t'emmerde.
Ouais.

J'ai donc préparé un super topo, plus argumenté que celui là, mais à la teneur identique. J'ai respiré un grand coup avant d'entrer dans le cabinet, pour avoir assez de souffle pour débiter mon discours. J'hésitais juste sur le moment auquel je devais dire "je t'emmerde" au docteur.
J'ai été prise par surprise. Le docteur a dit qu'avant de faire les exercices marrants des yeux, je devais faire pipi dans un gobelet.
Mais moi,je suis une fille. Je fais pipi AVANT d'aller aux rendez-vous. Pas pendant.
L'ayant fait poireauter 20 mn et ayant traversé un long couloir mon gobelet pisseux à la main, j'étais un peu moins motivée pour l'envoyer se faire foutre.

J'ai donc répondu aux questions d'usage de façon mécanique mais courtoise.
- " Vos antécédents médicaux ?
- Varicelle, toxoplasmose, mononucléose, rhumatismes articulaires, zona, paralysie faciale.
- Ah bon ? Et vous souffrez toujours de vos rhumatismes ? C'était quand cette paralysie ? Vous n'avez pas de séquelle. Si ?
- Hein ???"

La suite était encore plus étonnante.
-" Bon, je suppose que vous avez suivi des régimes et qu'ils ont échoué. Vous êtes suivie pour votre poids ?
- Hein ??? (je me reprends, j'ai un discours à balancer)... réeducation alimentaire, plus jamais faire de régime, sert à rien, deviens folle, demi-succés, plus de compulsion, mais pas top top...
- Pourquoi vous n'essayez pas une thérapie comportementale ?
- Hein ??????????"

21.1.06

Ta gueule !

J'avais oublié cette anecdote aux vertus pourtant révélatrices...

Le soir du réveillon, je papotais comme à l'accoutumée avec mon pote Steph. De quoi, je ne sais plus. Mais il est fort probable que nous étions soit en train de tailler un costard à un membre quelconque de l'assemblée, soit de nous féliciter de nos 11 ans d'amitié. Et pourtant, Steph a réussi à caser dans ce bavardage quelque chose de sérieux, quelque chose qui m'a touché, là non plus je ne sais plus bien quoi, mais ça devait avoir à voir avec un compliment à mon égard. Que je me suis empressé de tourner en dérision, parce que on est là pour rigoler oui ou merde ?

Là, Steph n'a pas eu la réaction attendue. Il n'a pas rigolé. Alors que ma vanne était evidemment hilarante. Il m'a juste foudroyé du regard et il a ajouté "
Mais tu peux pas la fermer, des fois ? On peut jamais être sérieux avec toi, tu fais chier. Ta gueule, merde." (Je vous assure que c'est un excellent ami. )

Cette réflexion m'a turlupiné quelques jours, puis je l'ai oubliée.

Hier soir, en papotant très sérieusement sur l'image de soi sur mon super forum de réeducation alimentaire, j'ai réalisé que mon père ne m'avait jamais fait un "vrai" compliment. Quand je lui rapportais un carnet de notes avec des 20 de moyenne (oui, j'ai eu plusieurs fois 20 de moyenne dans plusieurs matières et au cours du même trimestre ), il disait en riant " pas mal, mais t'aurais pu avoir 21".
La dérision est donc héréditaire. Et la dérision parentale est trèèèès dangereuse pour l'estime de soi des tites n'enfants, qui une fois adultes, n'avalent pas les compliments.
Moi qui croyait qu'il n'y en avait que pour moman...