18.6.07

Ronde ou freak ?

J'ai découvert il y a quelques semaines le blog de Lipidineuse, "débordante de chair et de (mauvais) esprit". Depuis, je suis un peu perturbée, pour tout vous dire.
J'aime son ton sans concession, sans complaisance, lucide sur l'obésité. Tellement qu'il peut sembler trash, comparé à celui des sites de size acceptance. Qu'elle tacle sans ménagement d'ailleurs, tout en refusant de maigrir pour faire plaisir, faisant l'apologie du plaisir sous toutes ses formes, et de la grosseur acceptée, intégrée.

Je me retrouve assez dans les critiques qu'elle adresse aux sites de size français. Pourtant, ces sites m'ont été précieux, particulièrement VLR. A bout de souffle, dépassée par les échecs successifs des régimes, j'étais venu y chercher des informations sur l'anneau gastrique. J'étais persuadée que je ne pouvais plus rien pour moi, que seule la camisole pouvait encore me sauver. Je suis repartie avec l'adresse du site du GROS, l'idée ancrée que je n'avais pas à me mutiler pour rentrer dans des cases, soulagée de ne plus être seule et de voir des rondes s'épanouir loin des régimes.


Des rondes. C'est bien le terme qui m'agace. Sur ces sites mobilisés pour le droit à plaire et se plaire tel que, on est ronde, pulpeuse, plus size, ... Jamais grosse. On a des rondeurs, pas des bourrelets. L'acceptation de soi par l'édulcoration du problème. Paradoxal pour un site anti-régime.
On s'y bat contre la grossophobie, pour le droit d'avoir des fringues fashion à sa taille, le droit à la représentation dans les media et sur les podium des défilés. Le droit d'être comme tout le monde, en somme.
Le combat est juste, quand on sait que l'augmentation de l'obésité suit celle des régimes, qu'elle est stigmatisée comme le péché capital d'une société qui pousse à consommer, snacker, junk-fooder toute la journée. Manger est un plaisir coupable, dont il faut cacher les effets à grands coups de jogging et de régime. Schizophrénie assurée.

Pour autant qu'il soit juste, le combat a un petit air de victimisation, de droit à la réparation qui me gonfle un peu à haute dose. On nous ressert toujours que la beauté est une question subjective, qu'en d'autres temps la femme dodue était le canon de sa société. Victimes de la mode, quoi. Moi, je m'en fous un peu, à vrai dire. Je vis ici et maintenant, et je reconnais parfaitement aux autres le droit d'intégrer les normes sociales et esthétiques de leur temps. Les hommes ont le droit de trouver les minces superbes et de me trouver monstrueuse. Ce ne me fait pas plaisir tous les jours, mais c'est comme ça.



Mia Tyler, mannequin plus size. Soeur de Liv Tyler, qui parâit-il est désormais ronde aussi.
(à suivre...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je comprends ta forme de ras-le-bol, je crois aussi que ce n'est pas toujours facile de se situer, de savoir quel comportement adopter, surtout quand on a une "différence visible" (différence d'avec les canons de beauté actuels, car la différence avec la femme de la rue tend à se dissiper avec l'augmentation de l'obésité) ... À la base, il y a toutes sortes de choses qui entrent en jeu. Souvent, l'être humain cherche à la fois à être "normal", comme les autres ... et à être unique, différent (mais un "différent" estimé, envié). La volonté de tout mener de front, d'être plusieurs personnes à la fois ... et en même temps de savoir "qui on est" peut vite devenir un casse-tête. Mais y réfléchir, et tenter des choses, c'est déjà un bon pas, non ?